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En écoutant Hillary Clinton lors du dernier débat, j’ai eu l’impression que sa voix était globalement plus grave.
Et si, effectivement, cela semble être le cas lorsque certains points plus sensibles comme le droit à l’avortement ont été évoqués – elle a d’ailleurs montré des signes d’émotivité corroborant le fait qu’elle était touchée par les sujets défendant la cause des femmes – cela ne s’applique pas à l’ensemble du débat.
En fait, il convient d’aborder l’expression vocale dans la corporéité. L’état intérieur d’Hillary Clinton a changé entre le premier et le troisième débat: les enjeux se sont précisés, la stratégie de communication a fluctué, des éléments multifactoriels comme le stress et la fatigue ont pu entrer en ligne de compte: le langage corporel a évolué au même titre que l’expression vocale.
Ce n’est donc pas tant sa voix qui baisse que la manière différente dont elle la projette dans l’espace autour d’elle.
Jusqu’où Hillary Clinton a-t-elle été conseillée ?
Saviez-vous que certains politiciens travaillent en technique vocale pour faire baisser le ton de leur voix et ainsi projeter davantage d’assurance et de leadership? Une récente étude (1) a démontré que la crédibilité était le plus souvent associée à des voix graves (femmes ou hommes), évoquant un plus haut degré de force et de compétence. Donc les femmes occupant un poste de pouvoir ont tendance à aller chercher leur voix plus masculine pour se positionner comme tel.
Jusqu’où l’impact des perceptions est-il décisif ?
Même si les électeurs sont essentiellement attentifs au discours, le langage corporel et la voix du locuteur sont porteurs de messages inconscients qui contribuent à façonner leurs impressions, leurs sensations, leurs croyances, leurs idées, leurs opinions, leurs votes.
Et même s’il est difficilement imaginable d’élire un président négociant des enjeux cruciaux avec une voix suraiguë de ‘’Chipmunks ‘’, cela soulève quand même un point majeur sur la place du féminin qui cherche encore à faire entendre sa propre voix d’une manière ou d’une autre …
Julie Salvador
(1) Perceptions of Competence, Strength, and Age Influence Voters to Select Leaders with Lower-Pitched Voices – Casey A. Klofstad, Stephen Nowicki , Rindy C Anderson – 2015
http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0133779